jeudi 22 septembre 2016

COUP DE GUEULE : J'ai décidé de vous en parler.



Le harcèlement de rue




Article coup de gueule aujourd'hui.  Je n'avais pas prévu de publier ça. Il n'y aura pas d'images, que des mots. Sans pincettes, peut-être des mots crus, des mots qui s'inscrivent sur mon clavier parce qu'ils doivent sortir. 
Je voyais quelques témoignages fleurir sur le net. Des jeunes filles, jeunes femmes, femmes, qui parlaient de leur expérience. Le harcèlement de rue. Je les lisais sans vraiment me rendre compte à quel point cela était réel.

Il se trouve qu'en moins d'une semaine, j'en ai été victime deux fois. Je me suis toujours sentie en sécurité, je rentrais tard le soir, seule, sans trop me poser de questions. Je vis à Paris depuis maintenant quatre années, je déambulais dans chaque quartier, sans trop d'apprioris. 



Début du week-end. Vendredi soir. Je sors avec des amis dans le quartier de Pigalle. Quartier que j'adore. Tout se passe à merveille, la nuit est devant nous, on danse, on ri, on dit oui à la vie, on profite.  Fin de soirée, nous partons. Je décide de rentrer en Noctilien -trop de dépenses tue les dépenses !-, tout se passe bien, je suis avec une amie, je discute avec des Autrichiens, histoire de pratiquer mon anglais et reprendre un peu l'allemand, tout est ambiance bon enfant. Nous sommes à l'arrêt de mon amie, elle descend ; mes nouveaux amis descendent au suivant. Je me retrouve donc seule, mais tout va bien, j'ai l'habitude. Une autre amie m'appelle, nous papotons au téléphone quelques minutes. Puis un -jeune- homme monte dans le bus, s'assoit en face de moi. Je termine ma conversation "-Bisous, Bonne nuit." L'homme me fixe. Je l'ignore. "-Eh c'était ton mec au téléphone" "-Non." "Tu as un mec ?" "..." Je l'ignore, il renouvelle la question. Je me décide donc à lui répondre "-Ça ne te regarde pas." Il commence à hosser la voix et continue à me poser cette question, sans cesse. J'ignore. Jusqu'à ce qu'une fille non loin s'imisse dans la conversation. Non content, il se lève et commence à la bousculer. Je me lève à mon tour pour prendre sa défense et "monsieur", énervé, et à coup sûr fortement alcoolisé -ce qui n'excuse absolument rien- commence à lancer des coups dans tous les sens dans l'unique but de nous frapper. Le chauffeur arrête le bus, je demande à descendre et j'emmène avec moi cette jeune fille. Nous discutons un temps ensemble, sous le choque. Elle m'avoue s'être prise, plus tôt dans la soirée, une claque dans la figure parce qu'elle aussi avait refusé de répondre à ce genre de question et avoir eu peur que cela se reproduise avec moi. 
 
Donc, suite à cette histoire, je me suis posée beaucoup de questions. Je me suis d'abord demandé si je l'avais "cherché". Non. Je suis restée neutre dans mes paroles, dans l'intonation que j'ai utilisée. Je portais une combi-short, des collants, une veste mi-longue loose et des baskets. Ce n'est pas comme si j'étais sur la pointe de mes 15cm de talons. Et encore, c'est là qu'apparait mon gros coup de gueule : parce que l'on est de sexe féminin, qu'on découvre un morceau de notre corps -en l'occurence, ici, une paire de gambettes, chose assez courante, surtout à la sortie de l'été-, nous devrions craindre de recevoir des remarques ou pire, d'automatiquement renvoyer un message clignotant rouge "je suis ouverte à tout, propose moi ce que tu veux toi aussi, tu peux !".



Ce mercredi soir. 19h. Sortie du bureau. Les Halles. But : Shopping. Je me lance dans les couloirs sous-terrains en quête de quelque chose qui pourrait me faire plaisir. Et parce que j'ai aussi quelques achats à faire pour le travail. Et ça recommence. Cette fois-ci, un jeune homme, en costard cravate, se permet en me croisant de venir me souffler mots pour mots "Tu ne veux pas me sucer la bite ?". Oui, certains n'ont vraiment aucune peur, et surtout aucun savoir vivre. Sur le coup, je ne me rends pas compte. L'homme ayant continué sa route, je me retourne pour voir la tête de l'abruti l'individu. Il s'était lui aussi retourné, grand sourire au lèvres. -Tu as de jolies dents mais qu'est-ce que tu es débile, me suis-je dit-. J'ai déambulé dans les rayons pleins à craquer de vetements, mais aucun ne m'intéressait. Je pensais et repensais à ce qui venait de se produire. Qu'aurais-je du faire ? Réagir ? Et prendre le risque qu'un incident comme le précédent se reproduise ? Ou ne rien faire, comme je l'ai fait, et au final lui donner raison ? 



Je me dis qu'au final, je ne suis a l'abri de rien. Chaque fin de soirée, on se dit "sms quand tu es bien rentrée!" mais quel risque ça nous enlève à part nous rassurer ? Une femme sera toujours sexualisée, abordée dans un unique but. Je ne suis pas du tout féministe engagée. Mais il faut que les choses changent. Nous avons des droits. Le droit d'être vêtue comme nous le souhaitons. Le droit d'aller où nous voulons, quand nous voulons sans ressentir de la crainte. Et surtout le droit à notre liberté. Parce qu'au final, le harcèlement de rue n'est qu'une prison transparente.



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